La France, où les jeux d'argent et de hasard relèvent d'un monopole d'Etat délégué à des opérateurs français privés (casinos) ou étatiques (Française des Jeux, PMU), doit annoncer dans quelques semaines à la Commission européenne une "ouverture maîtrisée" de son marché à d'autres opérateurs, notamment pour les paris sur internet.
En 2007, les trois opérateurs français ont enregistré une recette de 20,947 milliards d'euros : 9,306 milliards pour la Française des Jeux (FDJ, 38.698 points de vente); 8,841 milliards pour le PMU (252 hippodromes, 9.800 points de vente); 2,8 milliards de produit brut des jeux (PJB, différence entre mises et gains) dans les 197 casinos et leurs 21.000 machines à sous.
Quant à l'"Etat croupier", comme l'a surnommé le sénateur UMP François Trucy, auteur de deux rapports d'information sur les jeux, il a été le premier gagnant puisque 6 milliards d'euros sont tombés dans les caisses de Bercy en 2007 (prélèvements divers, taxes, impôts). Sans compter, le financement de la filière hippique (67.000 emplois) par le PMU et celui du tiers du budget public des équipements sportifs par la FDJ.
Le bon élève de 2007 a été le PMU qui a augmenté son chiffre d'affaires (8,841 milliards) en hausse de 9 % par rapport à 2006 (8,106) grâce à un strict contrôle de ses coûts de gestion et au lancement du nouveau pari, le Quadrio. Mercredi, le PMU doit présenter sa "nouvelle identité visuelle".
La FDJ, qui avait connu en 2006 une augmentation de son chiffre d'affaires de 6,1 % par rapport à 2005 grâce à l'Euro Millions, a enregistré une baisse de son CA (9,306 milliards) de 1,8 %, la première depuis quinze ans. Mardi, le PDG de la FDJ Christophe Blanchard-Dignac a expliqué cet effritement par la baisse de la cagnotte moyenne de l'Euro Millions passée de 54 millions d'euros en 2006 à 29 millions d'euros en 2007, qui a quelque peu détourné les joueurs français de cette loterie européenne.
Quant au Rapido, premier jeu de la FDJ avec près du quart du CA, il a augmenté ses recettes de 2,8 % (2,210 milliards d'euros) en 2007 mais l'interdiction de fumer dans les bars-tabacs, où sont installés la plupart des Rapido, a provoqué une baisse de 15 % de son chiffre d'affaires depuis le 1er janvier.
Enfin, les casinos, qui avaient connu en 2006 leur plus faible croissance depuis quinze ans, ont enregistré une hausse du PBJ de 2,8 % (2,8 milliards d'euros), due, selon les casinotiers, à l'arrivée du Hold'em poker dans les salles de jeux qui a donné à la fois un coup de jeune à la clientèle et un coup de fouet aux recettes.
En 2007, la FDJ et le PMU ont aussi annoncé leur participation financière à l'ouverture cette année à Nantes du premier centre médical de référence en France, où les joueurs pathologiques sont estimés entre 600.000 et 1,5 million.
"La poursuite de l'augmentation des dépenses au jeu, dit le sociologue des jeux Jean-Pierre Martignoni-Hutin, contredit pourtant la notion de jeu responsable que défendent les pouvoirs publics et les opérateurs".
Source: AFP