Le duel final qui déterminait le gagnant a été écourté par une proposition de l'imprésario Angélil. Avec une avance confortable dans les jetons, Angélil aurait offert à son adversaire d'augmenter la bourse pour la deuxième place afin de s'assurer de remporter le bracelet. Ce genre d'arrangement est courant et parfaitement légitime dans le monde du poker. Le premier prix était au départ de 1 650 000$.
Ce tournoi sur invitation n'a pas été diffusé sur l'internet comme le sont les événements de cette envergure. Le Caesars Palace se montre d'ailleurs très prudent dans ses commentaires depuis qu'une de ses gestionnaires se soit mis royalement les pieds dans les plats en début d'année en commentant les habitudes de jeu d'Angélil. Tout ce qu'on sait de la victoire d'Angélil a été rapporté par des spectateurs.
Son jeu à la table finale aurait été de première qualité, Angélil volant quelques pots avant de doubler son tapis avec une séquence (pour les connaisseurs: sur un flop As-Roi-Dame, Angélil avait Valet-10, son adversaire avait As-As).
Le chanteur Patrick Bruel aurait souhaité être du tournoi, paraît-il, mais il se serait fait dire que les professionnels et les joueurs qui ont déjà gagné un bracelet des Séries mondiales ou une épreuve du World Poker Tour ne pouvaient pas y participer.
Le tournoi étant réservé aux amateurs, la victoire d'Angélil ne sera pas comptabilisée dans les statistiques officielles. Son gain l'aurait propulsé directement au premier rang des joueurs québécois de tournois, devant Erik Cajelais, André Boyer, Guy Laliberté et Isabelle «No Mercy» Mercier. Aucun joueur québécois n'avait gagné une bourse supérieure à un million avant lui. En guise de comparaison, le joueur de l'année Cardplayer, David Pham, a gagné jusqu'à maintenant 1,8 million en tournois en 2007.
«C'est de gagner qui est important»
Les gains en tournois sont les plus prestigieux au poker, comparativement aux parties à l'argent, là où Angélil a fait ses classes pendant deux ans, à son arrivée à Vegas. Il a appris avec les meilleurs, les Doyle Brunson, Jennifer Harman et Phil Ivey, avant de se tourner vers les tournois, dans lesquels il excelle. «J'aime le challenge de savoir que si tu fais une erreur, tu peux te faire éliminer», nous disait-il cet été.
Angélil a chez lui sept trophées - qu'il a donnés à son fils -, la plupart remportés au Bellagio contre des joueurs professionnels. Lors de notre passage pendant les Séries mondiales de poker, il avait effectué une impressionnante remontée avant de finir deuxième, derrière Juha Helppi, un des meilleurs joueurs scandinaves. Fort déçu, Angélil avait été victime d'une rivière malchanceuse (la rivière est la dernière carte révélée par le croupier). «J'ai fait beaucoup de tables finales. C'est de gagner qui est important», disait-il.
C'est ce qu'il a fait cette semaine au Caesars Palace, en présence de tous ses amis et à quelques jours du dernier spectacle de sa femme Céline Dion dans le même casino.
Patient et difficile à lire, Angélil aime bluffer et admire ceux qui n'ont pas peur de faire tapis. Il avait remporté 464 406$ jusqu'à maintenant en tournois. Des chiffres qui ne tiennent pas compte des coûts d'inscription.
Son plaisir c'est de «rester concentré et d'essayer de deviner ce que l'autre a. Essayer de bluffer quand c'est le temps et de jeter son jeu quand c'est le temps».
Une anecdote des Séries mondiales. Son adversaire passait depuis 45 minutes: «J'ai remarqué qu'il tremblait. Quand c'est arrivé à son tour, il a fait tomber ses jetons.» Angélil a alors jeté ses cartes et montré ses deux rois à son adversaire qui a montré ses deux as.
Poker au Casino de Montréal
Les travaux avancent dans la future salle de poker du Casino de Montréal. On parle maintenant d'une ouverture à la mi-janvier. Le principal obstacle sont les négociations avec les croupiers.
Après sa victoire mercredi, Angélil aurait donné 50 000$ pour le personnel.
Source : Simon Gravel pour CyberPresse
