Annette Obrestad, premier rôle féminin
Pourtant, certains d’entre eux touchent déjà des sommes à faire pâlir d’envie certains seconds rôles du cinéma hollywoodien. Telle la jeune Norvégienne Annette Obrestad, sacrée joueuse de l’année. Vainqueur d’un tournoi à Londres en septembre dernier, devant tous les meilleurs joueurs de la planète, ce petit bout de femme de 19 ans est aussi timide et réservée dans la vie qu’offensive et culottée sur le tapis vert. «Je veux jouer toute ma vie au poker», confesse-t-elle toute rouge et du bout des lèvres, comme si elle avait une paire de rois en mains. Annette a commencé le poker à 15 ans sur Internet et a rapidement abandonné ses études de décoratrice. Elle joue douze heures par jour sur la Toile et a déjà amassé des millions de dollars. Impossible de savoir combien exactement, le jeune prodige ne dévoile pas son jeu facilement. «Je ne sais pas, cela varie, je ne compte pas…» Mouais, ça sent le bluff! Miss Obrestad est désormais sponsorisée par un site britannique de jeu en ligne (betfair). «En contrepartie, j’ai juste l’obligation de jouer deux tournois par semaine sur leur site», explique-t-elle. Dure, la vie de jeune star du poker.
Bruno Fitoussi, le vieux briscard
A près de 50 ans, Bruno Fitoussi fait presque figure d’ancêtre au milieu de tous ces jeunes loups. Cet architecte de formation, qui commente ou a commenté des tournois de poker sur plusieurs chaînes de télé (RTL9, Direct 8, Pairs Première, Eurosport…), était le seul Français nominé aux European Poker Awards. Et probablement l’un des plus âgés. «Le poker s’est beaucoup rajeuni avec l’explosion du jeu sur Internet. Pour beaucoup de jeunes, c’est une sorte d’eldorado, la possibilité de vivre un rêve. Des grands joueurs comme le Libanais Freddy Deeb ou le Vietnamien Scotty N’Guyen sont arrivés sans un sou à Las Vegas. N’Guyen était même un boat people! Et ils sont devenus millionnaires grâce au poker. D’où la popularité de ce jeu. » Après avoir été un temps joueur de poker professionnel, Bruno Fitoussi a créé une société de consulting et d’événementiel dans le domaine du jeu (VIP Gaming). «Le poker a été une passion, puis un métier. Mais j’en ai eu marre de faire sans cesse mes valises, de passer mon temps dans les avions. J’ai eu un enfant et j’ai voulu rester auprès de ma famille. Aujourd’hui, le poker est de nouveau juste une passion.» Une passion lucrative, qui lui a permis l’été dernier de remporter près de 1.300.000 dollars en finissant deuxième de l’un des plus gros tournois des championnats du monde de Las Vegas (le Horse, pour les spécialistes), derrière un certain… Freddy Deeb.
Notre unique représentant tricolore à l’European Poker Awards ne s’est-il pas senti un peu seul au milieu de touts ces jeunes joueurs scandinaves? «Même si le poker est à la mode en France depuis deux ans, grâce notamment aux émissions de Patrick Bruel sur Canal+, notre pays est en retard au niveau international. Il faut dire que les pouvoirs publics ne nous aident pas. La France est quand même un pays où le poker est autorisé dans les casinos, à la télé, dans les magazines, sur les téléphones portables… mais pas sur Internet! C’est n’importe quoi. On va même arrêter à l’étranger le PDG d’un site Internet (Fin octobre, le PDG suédois d’Unibet, Petter Nylander, avait été arrêté à Amsterdam pour infraction au monopole sur les jeux en France. Une initiative critiquée par la Commission européenne, ndlr). En France, d’un point de vue légal, on peut rentrer dans un cercle de jeu avec un tee-shirt “Fu.. the police” ou “I love cocaïne”, mais pas avec le tee-shirt d’un site de poker. Et j’exagère à peine…»
Source: Franck Crudo pour 20minutes.fr